Dans les comptes-rendus de réunions et de concours organisés dans les années 30 par la "Société des collectionneurs de soldats d'étain" apparaissent des notions de peinture, peinture fine et peinture extra-fine; les premières concernent les dioramas de grande taille alors que les peintures fines apparaissent sur certaines pièces au premier plan de ces dioramas comme j'ai pu le constater au musée de Kulmbach.
Aujourd'hui je classerais, classement tout personnel, les différents travaux en trois catégories:
* les à-plats: la lumière est perpendiculaire à la pièce, écrasant les contrastes.
* la peinture instinctive: la lumière est oblique, les dégradés sont rapides, parfois inexistants, les détails sont parfois sacrifiés au profit d'un rendu dynamique.
Les travaux de V.Douchkine et les chevaux de Eric Talmant en sont de vibrants exemples
* la peinture rigoureuse: la lumière est oblique, les détails précis, les contrastes forts et les dégradés doux.
Avec toutes les variantes dans chaque catégorie dépendantes des préférences du peintre.
Je pense que dans des tailles inférieures à 54mm les pièces doivent être servies par des couleurs vives et des contrastes forts, c'est pourquoi je m'évertue à réaliser des mélanges de peintures qui renvoient un maximum de luminosité.
Je n'utilise que des peintures à l'huile, ma palette s'est constituée au fil du temps et des échanges avec d'autres peintres mais aussi par la curiosité, il ne faut pas hésiter à réaliser des mélanges même les plus bizarres.
C'est ainsi que j'ai trouvé que le bleu de Sèvres est plus lumineux en y ajoutant un peu de bleu de cobalt, ou que le vert construit à partir de bleu de Prusse est plus lumineux avec du jaune de permanent moyen qu'avec du jaune de cadmium foncé.
De même avec le "permanent madder brown", et le violet solide garde son éclat quand il est assombri avec du "caput mortumm violet" alors qu'il le perd avec de l'indigo.
Pour la même couleur, les résultats peuvent être différents en fonction des marques utilisées.
Exemple : le rouge de cadmium foncé Rembrandt n'est pas le même que le Sennelier (voir photo ci-dessous)
Le rouge que j'utilise le plus fréquemment est composé de rouge de cadmium foncé Sennelier et de rouge de cadmium clair Rembrandt en proportions variables en fonction de l'effet recherché.
Une fois les couleurs lumineuses obtenues, il serait dommage de les éteindre en forçant les contrastes en ajoutant du noir ou du blanc.
Le blanc a tendance à rendre les couleurs crayeuses c'est pourquoi je l'utilise dans trois cas:
* sur peinture sèche pour poser un éclat ultime, sur une armure par exemple
* quand je fais un dégradé en arrière-plan
* avec une pointe de jaune indien qui le rend plus lumineux quand je fais un dégradé au premier plan (voir les défenses d'éléphant ci-dessous).
Le noir a tendance à éteindre les couleurs adjacentes c'est pourquoi je ne l'utilise que pour les lignages (voir la lance sur la photo ci-dessus) ou pour les ombres profondes; dans ce cas je l'associe avec une ombre diffuse composée de terre de cassel et de teinte neutre Sennelier (voir le carquois ci-dessous)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un autre exemple de volume créé avec ombre et lumière
Comme vous avez pu le noter je n'utilise que rarement une seule couleur sortie du tube, je fais beaucoup de mélanges. Ceci permet d'enrichir ma palette et les mélanges favorisent l'opacité et la matité. Je ne déssature les couleurs que pour traiter les 2ème ou 3ème plans. Par exemple les vêtements de l'archer sont moins lumineux que ceux du piquier sur la photo ci-dessous. Je n'ai pas encore parlé du support; il est évident qu'il doit être de qualité avec une gravure précise et des surfaces lisses.
Personnellement j'efface tous les motifs en relief représentant des motifs héraldiques ou autres décorations, ils seront réalisés à main levée, ceci gagnera en précision
Les surfaces sont recouvertes d'une fine couche de peinture acrylique blanche en bombe, c'est sur cette surface blanche que je pose ma peinture en couche très fine. Cette technique permet de gagner en luminosité en bénéficiant par transparence de l'éclat de la surface blanche.
J'ai sur ma palette une goutte d'huile de lin que j'incorpore à ma peinture, à la demande, avec la pointe du pinceau; je peux ainsi contrôler l'opacité et l'onctuosité de mes couleurs. (je n'utilise pas d'essence ni de white spirit).
Je réalise mes dégradés sur ma palette et les reporte sur la pièce blanche sans mélanger les couleurs (par juxtaposition) et je travaille alors mes fondus (voir photo ci-dessous)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je ne tapote pas mais je tire avec le même pinceau du foncé vers le clair ou l'inverse en fonction de l'effet recherché, ceci toujours avec le même pinceau Winsor et Newton série 7 taille 000. Je tire la peinture parallèlement à la peinture posée (voir la flèche sur la photo) et non pas perpendiculairement sinon je salirais toutes les teintes.
Comme je l'ai écrit plus haut je réalise symboles et décorations à main levée.
Pour peindre le Saint Georges et le dragon de la bannière ci-dessous, j'ai réalisé un esquisse grise très légère de façon à définir les proportions, je peins ensuite le tissu de la bannière sans toucher à l'esquisse. Je termine par les motifs en respectant les mouvements du tissu.
Les quelques éléments de ma technique que je vous ai présentés ne sont pas des vérités absolues mais les fruits de mon expérience. J'espère qu'ils vous aideront à prendre du plaisir dans vos réalisations.