Bonjour,
Voici la dernière partie du tuto de Paul. Un vrai plaisir...
" Suivant un schéma de peinture classique de haut en bas, je m'attaque à la chemise, réalisée très simplement d'un mélange de blanc, terre d'ombre brûlée, noir de mars et d'une pointe de violet de Bayeux.
La cravate, quant à elle, sera peinte d'un rouge de cadmium mâtiné de bois de rose et ombrée de caput mortuum (en fait un violet de mars). Les reflets de la soie sont obtenus, sur la saillie des plis, par adjonction de blanc presque pur.
Il est temps de s'attaquer au plus difficile, le pardessus. Je prends le parti de la sobriété qui sied au personnage de Verne et compose un noir à base de noir de mars, caput mortuum, un peu de blanc et d'une pointe de terre d'ombre brûlée. La difficulté est de partir d'une teinte suffisamment sombre pour évoquer le noir mais aussi suffisamment claire pour pouvoir se prêter au jeu des ombrages et éclaircies. Le mélange de base est appliqué sur toute la surface du pardessus, grassement d'abord, puis tirée consciencieusement à l'aide d'un pinceau langue de chat. L'emploi de teintes de mars est très précieux dans la réalisation de ce travail et on peut tirer la peinture à l'envi sans craindre de voir l'apprêt – gris clair – se révéler à force d'amincir la couche de base. Ceci fait, je passe dans le frais un premier niveau d'éclaircies (base + blanc) et d'ombrage (base + noir). Je laisse sécher pendant 24h avant d'accentuer les contrastes, plus prononcé sur la face antérieure de la pièce.
Passons au pantalon. Je choisis un gris assez clair que je compose de noir de mars, blanc de titane, une pointe d'ocre jaune et de terre de Sienne brûlée. Le mélange est appliqué plus clair sur la face antérieure et contrasté très simplement en ajoutant du blanc dans le clair et du noir dans les ombres.
Notre Fogg commence à prendre forme. Les souliers, en cuir noir (noir d'ivoire + une pointe de bleu de Prusse + une pointe de blanc) n'appellent pas de commentaires particuliers. Les gants sont réalisés de même (avec moins de reflets).
Le haut-de-forme, en feutre, est de noir de mars + ocre qui réchauffe la teinte ; noir de mars presque pur sur l'arrière. Un peu de blanc très estompé sur la face antérieure vient apporter une touche de lumière. Le ruban (de soie?) est plus sombre (noir de mars + noir d'ivoire) mais son reflet plus franc (blanc).
Cessons de broyer du noir et passons à la console. Je choisis un bois assez foncé, ayant en mémoire un vieux meuble de famille en noyer. Sur la palette, je compose un mélange de brun de mars, terre de Sienne brûlée et noir de mars. Je l'applique généreusement sur toute la surface avant de tirer la teinte. Les éclaircies se réalisent très simplement au moyen d'ocre d'or + pointe de jaune de Naples et celles-ci sont soigneusement fondues, notamment sur les motifs végétaux.
La canne tire-bouchon est réalisée en quelques minutes (tige de bois très foncé, pommeau rappelant l'ébène) en utilisant – paresseusement ? - les teintes restées fraîches sur la palette.
Ne reste que le sol. Etant un peu gêné par l'implantation précoce du personnage et de la console, je renonce au tapis persan et aux joies d'un « free hand » compliqué et opte pour le marbre. La base blanche (blanc de titane + pointe de noir d'ivoire) est agrémentée de tâches grises et de veines presque noires et très fines semblant cheminer au hasard. J'avoue que l'exercice - à réaliser impérativement d'après photos - m'a plu et qu'il me tarde de renouveler l'expérience sur une surface plus conséquente.
Le moment est venu de poser un liseré noir sur le pourtour de la base (noir mat Humbrol) ; un dernier tour d'horizon pour vérifier que tout est en place, quelques photos et cette version de Fogg ira bientôt rejoindre son éditeur."
Encore merci Paul pour ta peinture et pour ton tuto.
A samedi à Nice !