Avec sa modestie habituelle, jicécé a présenté ce diorama qu'il a eu raison de qualifier d'exceptionnel. Premier petit rectificatif: je n'étais pas encore Président des Amis d'Historex lors de sa réalisation et fort heureusement car, comme je vous l'ai expliqué dans ma présentation, je n'aurais pas pu y participer utilement.
Bon, ce dio, si j'en ai eu l'idée, c'est jicécé qui en a été la véritable cheville ouvrière, veillant à tous les détails avec une patience et une minutie incroyables et, entre nous, une entente elle aussi exceptionnelle s'est installée qui a permis de mener à bien ce projet. Je tiens aussi à associer à cette oeuvre le père de jicécé, habile réalisateur du décor et de tout l'extérieur de ce diorama.
Petit détail: pour qui a vu les lieux et donc la stèle marquant la chute et la sépulture du Duc, une chose peut choquer, à savoir les dimensions de la scène de l'exécution. Je l'avoue, nous avons triché. Pour une raison très simple et bien compréhensible: si nous avions respecté strictement la reconstitution architecturale des lieux à l'échelle du 1/32e, il aurait fallu enfermer le diorama dans une caisse de 3,30m de long. INCONCEVABLE et quasiment irréalisable. Le lieu choisi par Harel, gouverneur du château, parce qu'on pouvait y accéder presque directement par une petite porterne basse, était un coin d'angle formé par la muraille du fossé sud et le pied de la tour de la Reine formant, elle, angle entre la façade sud et la façade est.
Aussi avons-nous été contraints de raccourcir la distance entre ce "coin" et le pont enjambant le fossé où se tenaient Savary et les membres de la Commission militaire formant tribunal assistant à la scène, en éliminant le retour du fossé côté est. D'où aussi l'accentuation de l'effet plongeant sur la scène, ce qui, à ma connaissance, constituait une "première". Le diorama, qui a disparu des tables des concours, est une discipline terriblement complexe, ce qui explique en grande partie sa disparition. Et, pour la circonstance, le père de jicécé est venu à bout de tous les pièges avec une remarquable maestria.
Ce diorame a reçu, c'est justice, une médaille d'or et plusieurs prix hors compétition. Serez-vous étonnés si je vous dis que, aujourd'ui encore, j'en suis très fier ?
Autre petite rectif d'ordre historique: ce n'est pas le Duc d'Enghien qui a été le maître d'oeuvre de l'attentat de la rue Saint Nicaise mais tout simplement Cadoudal, d'ordre des émigrés de Londres, qui l'avaient dépêché tout exprès, d'ordre du comte d'Artois. Plusieurs scénarios avaient d'ailleurs été mis au point pour s'emparer de la personne du Premier Consul, voire l'abattre en cas de résistance. Moreau, général le plus prestigieux de la République, était en train de se laisser suborner. Pichegru et Dumouriez, généraux félons et en fuite à l'étranger, devaient se joindre à lui pour former un conseil de pouvoir, une fois le Premier Consul éliminé par Cadoudal et sa bande. C'est dans un second temps seulement que ce conseil devait ensuite être placé sous l'autorité du Duc d'Enghien un Bourbon Prince du sang en ligne directe, résidant en pays de Bade, de l'autre côté du Rhin formant frontière. Ce n'est qu'après que scénario devait déboucher sur un retour du comte de Provence ou du comte d'Artois.
Amoureux fou de sa cousine, la Princesse Charlotte de Rohan-Rochefort qu'il avait épousée en secret en raison de l'opposition de sa famille, Le Duc d'Eghien filait le parfait amour paisiblement, entre deux parties de chasse mais surtout il ignorait tout du projet ourdi par Londres devant le mettre en scène. Ce qui n'a pas manqué de faire dire à beaucoup qu'il a été une victime innocente dans cette affaire et qu'il a payé de sa vie la crapulerie des Bourbons. Incontestable.
Il est non moins incontestable que, en le frappant, lui, un Bourbon de sang royal, Bonaparte a voulu faire un exemple. Exemple fort bien compris d'ailleurs: la nouvelle de l'exécution a glacé d'effroi toutes les Cours d'Europe et plus aucun attentat ne fut perpétré contre le Consul puis l'Empereur. Les Bourbons se le tinrent pour dit, préférant les "fourgons de l'étranger" pour revenir piteusement sur le trône. Et ces règnes ne furent pas les plus glorieux pour la France.
La décision de Bonaparte, Napoléon, qui n'était pas homme à fuir ses responsabilités et à se défausser sur les subalternes, l'endossa totalement dans le Mémorial de Sainte Hélène.
Jicécé a cité Talleyrand et sa fameuse formule. Facile. Après coup, celui qui allait devenir le Prince de Bénévent et le châtelain-geôlier en dentelles des Bourbons d'Espagne détrônés à Valençay, traître parmi les traîtres et corrompu au-delà de l' imaginable, fut comme par hasard du bal des faux-culs et hypocrites de tout poil affairés à critiquer la décision de Bonaparte. Curieuse cette amnésie diplomatique, stupéfiante cette défausse bien dans le caractère de duplicité du personnage: tout comme Fouché, en disgrâce mais néanmoins consulté pour la circonstance, il avait chaudement approuvé l'enlèvement du Prince à Ettenheim et sa traduction sans délai devant une juridiction militaire dont il ne pouvait ignorer la sentence prévisible: la mort. Pourquoi? Tout simplement parce la loi révolutionnaire qui voulait que tout homme ayant porté les armes contre la France au sein des émigrés ennemis de la Patrie soient exécuté sans jugement était toujours en vigueur. Or le Duc avait revêtu l'uniforme anglais, commandé des troupes contre la France révolutionnaire et le Directoire et, précisément, vivait d'une pension de la couronne britannique plus que des subsides de sa famille ou ceux des Bourbons émigrés à Londres. Les dés étaient donc jetés et Talleyrand, qui avait voulu faire un mot, n'avait démontré que son indécrottable hypocrisie parfumée.
Vous avez compris que je porte vraiment peu de considération au personnage. Je laisse la parole à l'Empereur, qui s'y connaissait tout de même en hommes quand, un jour de fort courroux, il traita Talleyrand de "m***e dans un bas de soie". Bien vu!!! Même si l'autre s'en tira avec sa petite pirouette habituelle:"Ce n'est pas mon avis, Sire...". Et ce sera encore l'Empereur qui concluera avec ce constat sur ces deux immenses crapules que furent le Prince de Bénévent et le Duc d'Otrante:" Talleyrand, j'aurais dû vous faire pendre et vous, Fouché, vous faire fusiller...". J'ajoute, moi, Gribeauval:" Grands dieux, que l'a-t-il fait!!!".
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Gribeauval